Ski de rando/Pulka : Traversée de l'Aubrac - France
Et si l’essentiel était dans la nature ?
Récit d’une expérience en pleine nature du 17 au 21 janvier 2021 dans l’Aubrac.
Vincent, un ami-client, a posé une semaine de congés en janvier. Il me sollicite pour faire du ski de randonnée. Je suis perplexe sur un programme ski de randonnée tant les conditions nivologiques sont avalancheuses en ce début d’année 2021. Je ne me vois pas lui proposer de faire encore la Montagne de Sulens… Cette montagne est très belle pourtant, elle me plait bien, il y a même un petit côté affectif puisqu’elle est juste en face de la maison à Manigod. Mais cette semaine doit être l’occasion de nous sortir du quotidien à tous les deux. J’ai envie (et besoin…) de prendre le large, de partir à la découverte d’un ailleurs, de voyager même si c’est « près de chez nous » !
L’information circule en ce début janvier : « cela fait plus de 40 ans que le Massif Central n’a pas eu autant de neige ! ». Ah là ! Il y a de la matière pour s’évader, l’idée germe en moi, je ne veux pas rater une si belle occasion. J’en parle alors à Vincent, qui comme toujours, est partant pour cette aventure, il est même très emballé. Génial !
Je prends alors contact avec les amis-es et Yohann, originaire de Nasbinal en Lozère, me confirme cette information : Il y a 1m40 de neige là où ses parents habitent. Tous les secteurs n’ont pas « touché » de la même manière et sur ses conseils j’appelle les pelotons de gendarmerie de secours en montagne de Murat, puis de Saint Flour pour connaître plus précisément l’enneigement des différents massifs ; celui du Cantal, du Cézalier, des Monts d’Auvergne, de la Margeride, des Monts Lozère, etc… Je prends aussi conscience de l’étendue du Massif Central qui est un territoire de vastes plateaux aux montagnes volcaniques, et de la gentillesse des gendarmes qui me renseignent précisément. Ils sont très flattés de voir un haut-savoyard s’intéresser à leurs « petites » montagnes.
Les informations croisées m’amènent à préciser notre lieu de séjour. Ce sera dans l’Aubrac, une montagne à vaches qui culmine à 1469 m au Signal de Mailhe-Biau. Il me semble qu’il y a un coup à jouer dans ce secteur entre l’Aveyron, le Cantal et la Lozère. Cette région est une découverte pour nous deux et mes lectures viennent renfoncer ma motivation.
« Parcourir les grandes étendues de l’Aubrac en ski nordique, c'est accéder à l’ouverture des paysages qui font de l’Aubrac une terre de grande liberté donnant à celui qui le découvre l’envie de s’y perdre !... La traversée est digne des grandes aventures nordiques … à la rencontre de ces hautes terres balayées l’hiver par la tourmente ».
« Terre de grande liberté, grands espaces ! » C’est décidé, ce sera ici et pas ailleurs !
Je rentre dans les préparatifs de notre « expédition en Aubrac ». Côté matériel, c’est parti pour une immersion nordique, mais nous n’avons pas de ski de randonnée nordique, alors ce sera en ski de randonnée. Il nous faut être autonome au niveau logistique pour ne pas avoir à chercher d’hébergements et de restaurants qui sont rares dans le secteur et qui sont surtout fermés actuellement dans le contexte du COVID. J’acquière deux pulkas afin de transporter tout le matériel nécessaire pour affronter le rigoureux hiver de ce territoire. Je ne veux pas avoir à faire des choix drastiques sur l’équipement et je souhaite bien manger comme d’habitude 😉 (Les deux années passées à cuisiner au refuge D’Ze La Voye m’ont formaté…). La semaine précédant notre départ, je cuisine pour préparer de bons petits plats que je mettrais sous-vide, c’est ma façon à moi de recycler le matériel du refuge. Les rations journalières sont placées dans des bidons étanches. Je m’appuie aussi sur l’expertise de Vincent en diététique pour définir les quantités et l’embauche pour faire les cookies et le caramel au beurre salé pour les petits déjeuners. Nous partons sur 3500 à 4000 calories par jour : elles s’avéreront nécessaires pour ne pas avoir froid le soir, lorsque nous nous glissons dans notre tente après avoir fait 5 à 7 heures d’efforts intenses dans le froid.
Nous nous sommes retrouvés avec Vincent à Lasbros - Peyre en Aubrac dans le département de la Lozère. Comme initialement prévu, nous devions laisser la voiture de Vincent à notre point d’arrivée dans ce village. Mais nous avons la mauvaise surprise de constater que l’enneigement n’est plus vraiment continu. Il ne reste plus que 10 à 20 centimètres de neige dans les prairies ici à 1100 mètres d’altitude et les chemins sont tous déneigés. Le redoux de la semaine dernière a dû faire du mal. Un rapide regard sur la trace enregistrée dans mon GPS et nous prenons la décision de raccourcir notre circuit de quelques kilomètres et de laisser la voiture plutôt au château de la Baume. Le GPS qui nous conduit au château nous perd dans des raccourcis de plus en plus enneigés et sur des chemins coupés car trop enneigés. Soulagement ! Enfin la neige est là, abondante dès 1200 mètres d’altitude. La voiture est stationnée rapidement et nous roulons maintenant vers l’Ouest… La neige est de plus en plus présente en abondance, l’excitation monte, les congères sont même impressionnantes du côté de Lacalm, notre point de départ en Aveyron.
Nous stationnons ma voiture dans la cour d’une ferme. L’hospitalité des autochtones est exemplaire. Avec gentillesse ils nous laissent déneiger un petit coin pour notre véhicule, tout près des écuries où sont attachées leurs 80 bêtes pendant tout l’hiver. La chaleur qui sort de l’étable nous oblige à aller voir la tête de ces belles vaches de race Aubrac.
- « Vous allez dormir dehors ? » S’exclame l’agriculteur.
Il fait -6°C et le vent du Nord souffle entre 25 et 30 km/h.
- « Non, sous la tente. Nous sommes habitués ou plutôt nous aimons ça ! »
- « Alors avant rentrez au chaud pour prendre un petit café ! »
Après cette pose agréable et conviviale, nous nous éloignons de quelques centaines de mètre de la ferme, en ayant jeté rapidement le nécessaire pour la nuit dans nos pulkas. La tente est rapidement montée. Nous retournerons demain matin à la voiture pour préparer soigneusement le vrai départ… J’ai déjà oublié ma frontale à la voiture. Il ne reste plus qu’à dormir.
Le lendemain vers 10h30, nous sommes sur le départ, skis aux pieds, harnachés à nos pulkas qui pèsent une quarantaine de kilos chacune. C’est parti !
La neige est portante, elle porte même très bien ! C’est une croûte de glace épaisse qui s’est formée pendant le redoux et les intempéries de la semaine précédente. La pluie a vitrifié la surface du manteau neigeux et a encapuchonnée les arbres et les clôtures d’une gangue de glace étincelante au soleil. Du jamais vue dans les Alpes : C’est magnifique ! C’est beaucoup moins joyeux pour les « peaux de phoque » (en nylon…) de nos skis de randonnée qui s’effilochent à vue d’œil. Alors pour moi, à l’occasion de chaque petite bosse j’enlèverais les peaux pour pouvoir prendre la « descente » à « fond la caisse » poussé par ma pulka, quitte à faire un détour ou à finir dans un barbelé. Le temps gagné à la descente est perdu à remettre les peaux, mais je trouve cela plus amusant. Ces choix stratégiques amusent aussi Vincent qui n’aime pas enlever et remettre les peaux, il me redouble au moment où je « re-peaute » mes skis. En revanche dans de grandes descentes nous avançons bien, nous faisons même une pointe à 25 km/h., le traineau décollant littéralement de la neige derrière nous. L’extase ! Ce moment de rigolade partagé est vite devenu moins rigolo quand je me suis aperçu que ma batterie d’accumulation d’énergie solaire n’était plus connectée et que je ne la retrouvais pas dans la pulka après l’avoir fouillée. Elle a dû tomber, je devine où … Je suis quitte pour remonter. Pas d’avance. Cette batterie est la seule façon de pouvoir gérer l’énergie nécessaire à l’alimentation du GPS indispensable à notre orientation. Les boules ! L’engagement tient parfois à des détails, C’est ma première leçon dans cette traversée de l’Aubrac. Je suis remonté et j’ai rapidement retrouver la batterie, merci la glace…, même pas cassée ! Pendant ce temps Vincent a commencé à monter la tente, près de deux magnifiques Fayards.
Le soir nous nous arrêtons plutôt de bonne heure, vers 17h pour pouvoir prendre le temps de monter correctement notre bivouac et de profiter de la chaleur des derniers rayons du soleil. Tout va plus vite de jour et cela permet de construire facilement les murs autour de la tente. Ils coincent le double toit dans la neige et évitent que le vent s’engouffre à l’intérieur. C’est confortable de pouvoir se poser où l’on souhaite avec l’eau de fonte toujours à disposition ! La température n’est pas repassée dans le positif aujourd’hui. Après le coucher du soleil, la lueur du soir s’étant effacée à l’horizon, nous nous glissons dans notre tente à l’abri du vent. Cette bise constante nous a obligés à garder la cagoule en permanence sur la tête toute la journée. Ce soir, après une petite pose dans nos duvets, nous cuisinerons dans l’abside de la tente assis sur les bidons. Au menu : une soupe lyophilisée, suivie d’un bœuf bourguignon avec des coquillettes et un cookie en dessert. La nuit sera bonne !
Tous les matins, quoi qu’il arrive, il nous faut 2 heures pour nous préparer. Vers 9h30 nous sommes enfin prêts (tente pliée, pulka chargée…). A 7h30, le réveil sonne, pour que nous mettions nos vêtements en mode préchauffage dans nos duvets. Ils y rejoignent les instruments sensibles au froid comme les lampes frontales, le téléphone et la batterie qui eux ont passé toute la nuit dans le duvet bien au chaud.
Aujourd’hui, ce 19 janvier 2021, les paysages sont encore magnifiques. Le temps est superbe et la température plus clémente sans toutefois repasser dans le positif. Nous traversons un village : Aubrac. Il semble encore plus calme qu’à l’accoutumée en cette période de pandémie, sans touristes… Nous ne croiserons que deux personnes…
Les kilomètres s’enchainent sur ce relief vallonné du haut plateau. L’ambiance est bonne, le parcours est sportif à souhait ce qui n’est pas pour nous déplaire. La glace toujours aussi vive nous oblige à faire des gainages de tout notre corps pour ne pas partir à reculons. Arqués sur nos bâtons, nous nous arrachons littéralement à la pesanteur. J’en arrive même à penser que l’Aubrac n’est pas si peu raide que ce qu’on voulait bien nous faire croire. Je regrette même d’avoir laissé dans la voiture les couteaux à skis. Lors que nous nous risquons à couper en travers de la pente pour diminuer l’inclinaison, nos pulkas dérapent et nous nous retrouvons en plus grande difficulté encore. De la montagne à vaches facile qu’ils disaient ! Eh bien pas ici à cette saison, c’est plutôt l’ambiance verglacée et il faut prendre « dré dans le pentu » sans réfléchir et s’agripper. Lorsque le plateau sommital du Signal de Mailhe-Biau est atteint, je me surprendrai à rêver d’être sur la banquise, ou dans le Grand Nord Canadien, dans les pas de mon idole Jean-Louis Etienne. En somme, dans l’Aubrac, je suis en train de vivre un rêve de gosse ! Génial
La descente qui suivra nous enseignera une deuxième leçon. Il ne faut jamais trop serrer le harnais du brancard de la pulka car, lorsque la technique du ski chasse neige n’y suffit plus pour ralentir, il faut rapidement pouvoir se tourner et « planter » un dérapage contrôlé. Si la force centrifuge vient à faire passer devant la pulka alors il vaut mieux ne pas être trop fixé dans le harnais sinon vous vous retrouvez dos à la descente, tiré à reculons dans la pente qui finit presque toujours dans un barbelé. Cela s’appelle l’apprentissage par l’erreur et je remercie encore mes vieux réflexes d’avant, lorsque j’étais pisteur à l’Alpe d’Huez et que je descendais à toute vitesse la barquette pour rejoindre un collègue sur un secours. Je ne finirais pas aujourd’hui dans les barbelés.
Ah ces fameux barbelés, nous les aurons franchis par-dessus, par- dessous, parfois contournés, mais jamais nous ne les aurons abimés par respect du travail des agriculteurs. Ce sont eux qui maintiennent ces paysages ouverts, ils sont les créateurs de ces grands espaces qui nous donnent tant d’émotion. Pourtant, avec les rivières à traverser, ce sont eux qui nous ont fait perdre le plus de temps pendant notre périple. Il nous fallait déchausser, faire traverser, ou bien mieux, porter les deux pulkas de l’autre côté, puis traverser sans déchirer le pantalon et ensuite rechausser, re-fixer le harnais pour repartir… C’est ce point de singularité qui d’ailleurs différencie notre expédition en Aubrac par rapport à une expédition en Arctique. Mieux vaut ne pas être pressé ! Et ne pas trop se mettre dans l’ambiance d’une évasion de prison sinon vous et votre Gore-Tex risquerez de vous en souvenir. Nous avons pris tout notre temps, nous avions plein de victuailles dans les pulkas pour au moins deux à trois jours de plus.
Finalement, nous mettrons 19 h pour parcourir les 50 km (pile) de cette traversée de l’Aubrac, soit une moyenne de 2,6 km/h. Une belle performance contemplative direz-vous ? Et bien pas vraiment… Il faut tout de même courir (entre deux barbelés, hihi). Ce parcours demande de l’endurance et une excellente condition physique. (Les conditions de neige peuvent également changer radicalement la difficulté et l’effort à fournir). C’est du sérieux. Nous avons découpé le parcours en 3 grosses étapes, avec 4 bivouacs (1 à l’entrée et 1 autre à la sortie et 2 autres sur le parcours) afin de respecter le couvre-feu de 18 h.
Le troisième et dernier enseignement, que nous aurons eu pendant ce séjour, est que rien n’est jamais fini tant qu’on n’est pas arrivé. Il ne faut pas vendre la peau de l’ours avant de l’avoir tué ! Nous pensions être installer dans une routine, les journées s’enchainaient dans l’euphorie de la découverte de ce territoire d’exception, nourris par les paysages et l’air pur jusqu’à apercevoir les Pyrénées (c’est vrai !). C’était sans compter sur l’arrivée du mauvais temps : la fameuse tourmente manquait à notre expérience. Déjà le soir du 19 janvier, le vent changeait pour tourner au sud-ouest. L’air était moins vif, la température largement plus supportable. Néanmoins, la nuit suivante nous avons été réveillés par des bourrasques de vent qui me faisaient voir le double toit de la tente de très près… Quelle bonne idée avons-nous eu d’installer la tente entre les restes de quatre murs d’une ruine de buron. Presque rien du toit de la tente ne dépasse et pourtant ça bouge énormément dans un vacarme ahurissant. Sous une tente, tout parait exagéré. Les bruits sont amplifiés comme si l’on habitait à l’intérieur d’un tambour. Je n’arrive plus à dormir, je gamberge ! Et si une pulka s’était envolée, et si un bâton de ski, et si…et si… Je suis obligé de me lever, sans quoi je ne retrouverais pas le sommeil. Pour cela il faut que je m’habille, que je remette les chaussures gelées, le tout dans le noir pour ne pas réveiller Vincent que rien ne semble perturber. Tout un programme pour enfin sortir dehors et faire le tour du campement pour voir si tout est là. J’avais un mauvais présentiment tout à l’heure. Prendre la température du dehors me rassure, sentir la force du vent me permet d’évaluer la situation… Les pulkas sont toujours là, les bâtons aussi, etc… Le vent souffle en rafales à plus de 70 km/h, il n’y a pas encore de précipitations. J’attache tout aux barrières. Même à nous elles nous servent à quelque chose ! Demain on se sauve. Il nous faut avancer, pour vite sortir du plateau et perdre de l’altitude avant l’arrivée de la tempête, et de la pluie tant annoncée depuis quelques jours.
Le 20 janvier, jour de mon cinquantième anniversaire, la météo était tempétueuse comme prévu. Un beau cadeau pour moi (Je ne rigole pas !). Nous avons choisi l’itinéraire en fonction du vent, tout du moins au début. Avec ce fort vent, bras écartés, nous remontions la pente avec une facilité déconcertante et plutôt enthousiasmante, même avec les pulkas. Mais il fallait bien se rendre à l’évidence. La situation plutôt porteuse du début de matinée ne pouvait plus durer. Le vent venant du sud et nous allant au sud-est pour rejoindre le château de la Baume, il nous fallait changer de cap. Surtout que nous avions quitté la route GPX enregistrée sur la montre GPS de Vincent. Cette route, que j’ai initialement tracé à mon bureau sur support cartographique, puis envoyée à Vincent pour qu’il la charge sur sa montre, nous permet de nous orienter avec une grande autonomie sur plusieurs jours, mais ne permet pas de réfléchir sur le terrain à l’itinéraire. Il faut suivre rigoureusement la route prédéfinie ou alors on est perdu. Tout reposait dorénavant sur la lecture de carte de mon smartphone GPS qui lui est gourmand en énergie et que je dois recharger régulièrement. Dans ces conditions météorologiques, où il ne sert à rien de sortir les panneaux photovoltaïques, ils ne rechargeront pratiquement rien, il nous faut retrouver au plus vite notre chemin. La journée s’annonce particulièrement intéressante du point de vue orientation, mais aussi un peu stressante, la batterie de mon smartphone m’ayant déjà jouée des tours par le passé comme en Norvège il y a deux ans.
Pour que nous soyons protégés des coups de boutoir du vent, nous longerons les lisières des forêts, suivrons les haies plantées d’Epicéas, nous nous rapprocherons des plantations en « timbre-poste », pour même y trouver refuge et pouvoir prendre une petite collation. Habituellement, je ne les trouve pas belles ces plantations, voire même disgracieuses, je trouve qu’elles mitent le paysage. Mais là, elles nous rendent bien service et j’apprécie. La pluie qui s’est mise de la partie mouille nos vêtements et le froid glacial des jours précédents devient humide et transperçant. Les pulkas montrent plus de résistance dans la neige molle et nous ralentissent davantage. Peu importe maintenant nous avons retrouvé la route, nous arriverons demain matin au château de la Baume, nous ne sommes plus qu’à 1,3 km. Au milieu du chemin qui traverse un bois abrité du vent, nous installons le dernier bivouac, nous sommes presqu’arrivés, notre aventure est réussie, nous n’avons plus qu’à apprécier notre dernière soirée en pleine nature. La fin d’après midi sera consacrée à la recherche d’eau, à l’identification de traces d’animaux. Ce sont des sangliers avec qui nous partageons l’espace autour de notre tente. Je les respecte, eux vivent ici toute l’année !!! La nuit sera calme et reposante.
Merci Vincent, mon fidèle compagnon de cordée, notre amitié s’enrichie encore de cette nouvelle expérience. Elle fait germer d’autres projets de ski de rando-pulka dans ma tête. Cette traversée de l’Aubrac aura été un excellent cru, une belle découverte d’une activité, d’une région et surtout un bon bol d’oxygène… Nous avons vécu ensemble une aventure extraordinaire au sens de « pas comme tous les jours ». Ce n’était pas un Exploit Sportif Extraordinaire avec de grandes majuscules, mais la nature, que nous avons vu dans tous ses états, nous a donné l’occasion de ne plus être submergés par l’actualité. Nous étions présents physiquement et moralement, là ici sur notre planète, complètement imprégnés par les éléments. Nous avons, avec beaucoup de complicité, vécu cette expérience et partagé nos émotions. Nous étions libres comme le vent. Le matériel essentiel à notre survie nous a suffi et rien ne nous a manqués. En plus, tout rentre dans une pulka… Ce matériel est magnifique ! Il préserve le dos et plus prosaïquement, il te pousse de l’avant dans les descentes, et t’oblige à la persévérance dans les montées. Une vraie leçon de vie que cette pulka, propice au voyage méditatif ; le bruit du glissement de la luge sur les congères de neige me faisait penser au bruit d’une barque dans les vagues… Aujourd’hui, fort de cette expérience, je veux maintenir le cap, trouver les clés du voyage de demain, celui qui forme la jeunesse, mais pas seulement.
Il est essentiel, pour exister dans ce monde devenu fou pour l’homme, de maintenir le lien direct avec la nature sauvage. Après la tempête il y a toujours le beau temps ! Pendant la tourmente, il faut aller se frotter aux éléments, prendre des bouffées d’oxygène, prendre le risque de quitter son chemin tout tracé, pour nous et par nous, et ne pas avoir peur de se perdre. Ce qui nous sécurise nous éloigne de la nature et nous rapproche d’un monde virtuel. Je veux continuer d’exercer mon métier de guide, plus que jamais essentiel à notre société, pour que nous n’oublions jamais l’énergie vitale que procure l’immersion dans ce milieu sauvage de la montagne. Je veux aussi vous faire partager cette expérience avec cet article de la « tête dans les montagnes ».
J’espère que ces quelques mots, et les photos qui font suites, vous auront fait voyager. Gardez le goût de l’aventure et prenez soin de vous.
A bientôt, Lionel
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