25 Sep

Formation secourisme au Cap Vert

Publié par Lionel CONFORT - Catégories : #Formation

Retour d’expérience sur la formation au secourisme des guides de montagne Capverdiens.

Je suis allongé à plat dos sur le sol pavé d’un chemin quelque part dans la vallée de Ribeira da Torre sur l’île de Santo Antao sur l’archipel du Cap Vert. Une douleur terrible me transperce le dos ! Enfin, je simule… Et les habitants du village tout proche sont rassurés par Théo. Il leur explique, dans un créole impeccable, que c’est un exercice d’entrainement au secourisme pour des guides de montagne capverdiens. Je vois alors les yeux du vieillard qui s’était penché sur moi se ré ouvrir et un léger sourire apparaitre sur son visage !

Nous sommes vendredi, la semaine de formation au secourisme s’achève demain et nous faisons les cas concrets de synthèse. C’est l’équipe des filles qui se colle à l’exercice.

Je vois Marlène approcher :

Lionel, qu’est-ce qui t’es encore arrivé ? Peux-tu serrer ma main ?...

Très vite elle comprend la gravité de ma blessure et elle me tient déjà fermement la tête au sol afin de rendre impossible tout mouvement de celle-ci. Elle sait que cette situation est parmi les secours les plus difficiles à gérer, qu’elle doit m’évacuer vers un hôpital sans aggraver ma lésion dorsale.

Tu peux bouger les orteils ? à droite ? à gauche ?
Te souviens-tu de ta chute ? Tu peux nous raconter ?

Marlène me questionne afin de lever tous les doutes sur une éventuelle urgence vitale afin de donner ces ordres au reste de son équipe.

Appelle Théo, dis-lui que Lionel s’est fait très mal au dos et que l’on suspecte un traumatisme à la colonne vertébrale. On va le conditionner sur un plan dur avant de l’évacuer. Dis-lui d’organiser des renforts terrestres et donne-lui le lieu exacte de l’accident.

Après m’avoir posé un collier cervical, l’équipe procède à mon relevage avec méthode et synchronisation avant de me déposer sur un plan dur artisanal qui me tient fermement mon axe tête-cou-tronc.

Et c’est parti, les voilà en train de descendre le chemin ponctué de nombreuses marches d’escalier pour rejoindre la route en contre-bas dans la vallée. Je vois défiler les feuillages des arbres à pain, des manguiers, des bananiers… Et toujours cette voie rassurante des filles qui surveillent ma vigilance et me rappellent à mon « triste » sort.

Lionel, reste avec nous, parles-nous ?

L’équipe est maintenant renforcée par les garçons. Ils s’affairent à descendre ce brancard en le tenant le plus possible à l’horizontal.

Baissez à l’arrière !
Faites attention à la marche, soulevez !
Il est lourd !
Alors fais-toi remplacer… Son dos ne doit pas bouger, rétorque Marlène.

Notre exercice durera deux heures. Je comptais arrêter ce cas concret plus tôt, mais ils étaient tellement à leur affaire que je n’ai pas interrompu l’exercice. Les guides étaient motivés, très sérieux et exemplaires dans leur comportement d’apprentissage du secourisme. Pour débriefer ce cas, je ne leur ai dit qu’un seule mot :

Parfaits ! Vous avez été parfaits.

Ecrit le 24 septembre 2013, par Lionel CONFORT Moniteur de secourisme-Pisteur et Guide de haute montagne, membre du SVT (Secours des Vallées de Thônes) association affilié à la FFSS 74.

J’en profite pour remercier ici Théo LAUTREY, le protagoniste de cette formation.